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UN DIEU IRRITÉ
Malgré l’interdiction de Lycaon de traverser les volcans qu’il avait élevés entre le territoire peuplé par Parandar et celui conquis par les dieux des autres panthéons, Azcatchi déploya ses ailes et partit à la recherche de l’humain qui avait eu le culot de le personnifier auprès des Tepecoalts. De tous les enfants du panthéon ailé, le crave aux luisantes plumes noires était le plus agressif. Il avait pourtant été élevé et éduqué comme ses semblables. Ses sœurs et son frère ne se comportaient pas toujours aimablement envers leurs congénères, mais ils n’entretenaient pas sans cesse des pensées meurtrières à leur égard comme Azcatchi le faisait. S’il avait été l’aîné du dieu suprême, il aurait certainement jeté les œufs pondus par sa mère hors du nid pour être son fils unique. Il était heureusement né le troisième, après Aquilée et Orlare qui avaient eu la force de résister à ses assauts. Un seul autre oisillon avait survécu à sa fureur, son jeune frère Nahuat, l’émerillon, grâce à Orlare qui avait emporté son œuf ailleurs juste à temps.
En plus d’être querelleur, Azcatchi était particulièrement rancunier. Il n’oubliait jamais les injures, aussi infimes soient-elles. L’apparent vol d’identité dont il était victime ne lui avait causé aucun tort, mais l’orgueil du dieu-crave était blessé. Tandis qu’il survolait Enkidiev, il fut étonné de ne pas trouver de temples s’élevant vers le ciel pour célébrer la gloire des dieux. Pourquoi Parandar supportait-il cette insolence ? Il remarqua aussi que ces terres n’étaient pas aussi peuplées que celles de l’est.
Les villages qu’il aperçut sous lui étaient surtout rassemblés le long des cours d’eau, et les champs cultivés, étaient disséminés entre de larges forêts inhabitées. Évidemment, Azcatchi ignorait que deux terribles invasions avaient décimé la population d’Enkidiev. Le continent commençait à peine à se remettre de cette dure épreuve.
À son grand désarroi, le dieu-crave n’observa aucun signe d’hostilité entre les humains, sans doute parce qu’ils adoraient tous les mêmes divinités. À Enlilkisar, c’était une tout autre histoire. Azcatchi se repaissait de la peur qu’il faisait naître au cœur des sujets de son père. Il aimait assister aux sacrifices sur les autels, perché dans les arbres à proximité des temples élevés en l’honneur de Lycaon, C’était d’ailleurs Azcatchi qui avait instauré ces cruelles pratiques. Apparemment, Parandar n’exigeait pas l’absolue dévotion de la part de ses créatures…
Grâce à ses sens particulièrement aiguisés, Azcatchi découvrit assez facilement que l’énergie de l’imposteur émanait d’une curieuse forteresse rectangulaire. On ne pouvait y accéder qu’en franchissant des planches collées les unes contre les autres. Cette construction était bien différente de celles auxquelles il était habitué. Elle était faite de blocs de pierre beaucoup moins massifs que les maisons des Tepecoalts. « Je n’aurais qu’à souffler dessus pour la réduire en poussière », songea le crave en suivant la route qui menait au Château d’Émeraude.
Du haut des airs, il était impossible de distinguer les dieux ailés des rapaces, mais lorsqu’ils se mettaient à perdre de l’altitude, il devenait évident qu’ils n’étaient pas des oiseaux ordinaires, car ils pouvaient parfois atteindre la taille d’un homme.
Azcatchi piqua vers la cachette de son adversaire, bien décidé à l’écraser avant d’être surpris par les ghariyals. Il se posa à quelques pas du pont-levis et examina le large fossé rempli d’eau qui entourait les murailles. « À quoi peut-il bien servir ? » se demanda-t-il.
Un paysan, qui s’apprêtait à quitter l’enceinte avec son mulet, s’arrêta net en apercevant l’animal recouvert de plumes noires, au bec et aux pattes rouges.
— À moi ! hurla-t-il en rebroussant chemin.
« Les habitants de l’autre côté du volcan sont beaucoup plus courageux », songea le crave en s’avançant vers l’entrée. Il s’immobilisa lorsqu’un homme entièrement vêtu de noir se matérialisa soudainement sur le pont. Azcatchi reconnut son visage semblable au sien : c’était l’individu qu’il cherchait.
— Depuis quand les corbeaux sont-ils aussi gros ? s’étonna Onyx.
Le dieu prit aussitôt sa forme mortelle. Tout comme le Roi d’Émeraude, il portait des vêtements de cuir sombres et ses longs cheveux noirs flottaient au vent. Les plumes qui recouvraient son corps avaient disparu, sauf sur les ailes dans son dos, le long de ses bras et autour de ses yeux bleus.
— Pour changer aussi facilement d’apparence, il faut être sorcier, ajouta Onyx, sans toutefois s’en alarmer.
— Tu n’as pas peur de moi ? demanda Azcatchi d’une voix grave.
— Je ne sais même pas qui vous êtes.
— Pourtant, tu as usurpé mon nom auprès de mes sujets.
— Azcatchi…
— La mémoire te revient.
— Que venez-vous faire chez moi ?
Kira ainsi que les Chevaliers Bridgess, Swan, Lassa et Liam, qui habitaient au château, arrivèrent derrière leur roi.
— Je suis venu te faire regretter ton insolence.
— Il s’agit d’un malentendu, laissa tomber Kira en se plantant près d’Onyx.
— Une Ipocane, ici ? s’étonna Azcatchi.
— Il n’y a pas que ce peuple qui est d’une autre couleur, vénérable Azcatchi. Je suis Sholienne.
Le dieu ailé pencha la tête de côté, intrigué. « Il ne connaît rien de notre monde », comprit Kira.
— Nous ignorions votre existence lorsque les Tepecoalts nous ont fait prisonniers, expliqua-t-elle. Leur grande prêtresse a cru que notre roi était l’un de ses dieux et elle l’a séquestré.
— Elle n’a pas pu commettre une telle méprise.
— Si vous ne voulez pas reconnaître son erreur, c’est que vous êtes tout aussi assoiffé de pouvoir qu’elle, le provoqua Onyx.
— J’essaie d’empêcher un bain de sang, ici, lui signala Kira à mi-voix.
— Je suis parfaitement capable de défendre mon royaume.
« Pourquoi Azcatchi ne se contente-t-il pas de nous attaquer ? » se demanda la Sholienne. Il promenait son regard perçant de l’un à l’autre en essayant de comprendre qui ils étaient vraiment.
— Je suis Kira, la fille de la déesse Fan et la petite-fille d’Akuretari.
Cette révélation consterna le crave. Il sentait bel et bien la curieuse énergie qui émanait de ces deux étrangers, mais jamais il n’aurait cru qu’elle appartenait à des représentants du panthéon reptilien, puisque les dieux ne pouvaient pas habiter dans le monde physique.
— Voici le souverain de ces terres, le Roi Onyx d’Émeraude, fier descendant de Corindon, l’acheva Kira.
« Les ghariyals et les félins ont-ils conclu une alliance secrète ? » se demanda Azcatchi. Lycaon cherchait depuis longtemps un prétexte pour déclencher les hostilités et s’emparer du pouvoir des cieux par la force. Le meurtre de ces deux imprudents lui ferait certainement plaisir.
Onyx perçut aussitôt l’amplification de l’énergie du dieu-crave et comprit qu’il allait sournoisement les agresser. Il leva son bouclier invisible juste à temps pour éviter une première charge de lumière écarlate qui explosa devant leurs yeux, les aveuglant temporairement. Kira n’eut pas à s’en mêler. Theandras apparut à leur droite dans ses vêtements enflammés, et Fan, à leur gauche, dans sa robe piquée d’étoiles étincelantes.
— Qui t’a autorisé à mettre le pied sur le territoire de Parandar ? tonna la déesse du feu, irritée.
— Pourquoi envoie-t-il des femmes à la défense de ses insignifiantes créatures ? riposta Azcatchi, sur ses gardes.
— Parce qu’elles sont plus puissantes que lui, évidemment, lui rappela Fan.
Azcatchi le savait très bien et cette injustice le rendait furieux depuis des centaines d’années.
— Laissez-moi régler mes comptes avec l’humain qui a usurpé mon identité et je partirai, exigea-t-il.
— Ton père ne t’a-t-il pas enseigné les règles qui gèrent notre monde ? s’étonna Theandras.
Les plumes du crave frémirent de colère.
— Le traité est pourtant très clair, poursuivit la déesse de Rubis. Nous avons convenu de ne jamais intervenir dans la vie de nos sujets respectifs.
— Alors pourquoi cet homme se trouvait-il de l’autre côté des volcans ?
— Je suis allé chercher mon fils qui y était détenu, répondit Onyx en s’avançant entre les déesses.
— Les humains n’ont pas ratifié notre entente, ajouta Fan avant que son cousin ailé réplique. Ils sont libres d’aller où ils le désirent.
— Nos lois leur permettent-ils de tromper leurs semblables en nous personnifiant ? demanda Azcatchi.
— Si le Roi d’Émeraude a vraiment commis cette faute, c’est Parandar qui le punira, pas toi.
Même s’il ressentait une soudaine envie de tout détruire sur ces terres, le crave se contenta de serrer les poings. Alors qu’il semblait réfléchir à ses prochaines paroles, en réalité, il scrutait la forteresse qui s’élevait derrière les quatre personnages qui l’empêchaient de donner libre cours à son indignation. Une faible vibration attira aussitôt son attention. Un être d’origine féline s’y cachait ! Parandar, Theandras et Fan étaient pourtant des dieux reptiliens…
— Pars, Azcatchi, lui ordonna la déesse du feu, et ne reviens plus jamais ici.
Le crave lui lança un regard sombre et se transforma instantanément en énorme oiseau noir. D’une formidable poussée de ses pattes rouges, il fonça vers le ciel.
— Est-il parent avec Asbeth ? voulut savoir Onyx.
D’aucune façon, affirma Theandras en se tournant vers lui.
Des flammes couraient dans ses longs cheveux noirs et sur les voiles écarlates de sa robe sans les brûler.
— Dites-moi pourquoi votre fils se trouvait à Enlilkisar ?
— Je croyais que les dieux étaient omniscients, répliqua Onyx, qui n’aimait rien qui descendait du ciel.
— En un mot, intervint Kira, un groupe d’entre nous y est allé pour y cueillir une fleur qui ne pousse que dans ces régions lointaines. Les Elfes en avaient besoin pour concocter la potion qui rendrait la santé à Sa Majesté. Puisque c’est une fleur sacrée, le Prince Juguarete a gardé Atlance, le fils d’Onyx, en otage pour s’assurer que nous en ferions l’usage que nous lui avions indiqué. Pour le délivrer, nous devions ramener Onyx avec nous à Itzaman.
— C’était un simple malentendu, précisa le Roi d’Émeraude. Je ne comprends pas ce qui peut bien mettre ce corbeau dans tous ses états.
— Azcatchi est le fils de mon frère Lycaon, chef du panthéon ailé, lui apprit Theandras. C’est un dieu dangereux et agressif.
— J’ai cru remarquer.
— Reviendra-t-il ? s’inquiéta Kira en pensant à ses enfants.
— C’est certain, affirma Fan. Personne n’est plus tenace qu’Azcatchi.
— Mais puisque je vous dis que je n’ai rien fait ! explosa Onyx.
— Nous vous croyons, le rassura la déesse des bienfaits. Il est évident que ce jeune dieu cherche un prétexte pour ouvrir les hostilités entre nous.
— Ce que vous faites dans votre univers ne nous concerne pas.
— Je suis d’accord, acquiesça Theandras, mais je doute de l’honnêteté du panthéon aviaire. Tenez-vous sur vos gardes.
Les déesses disparurent en même temps, comme si une force supérieure venait de les aspirer dans le néant.
— Nous n’avions vraiment pas besoin de ça, maugréa Kira.
— Mon ami Hadrian m’a souvent répété que nous ne recevons que les épreuves que nous méritons.
— Même la perte d’un enfant ?
Onyx ne s’était jamais remis de la mort de Nemeroff, son fils aîné, survenue lorsque l’Empereur Noir avait bombardé la tour où il étudiait avec d’autres élèves de son âge.
— Mais comment défendre nos héritiers contre un dieu sans foi ni loi ? poursuivit Kira.
Encore une fois, les sages paroles de l’ancien Roi d’Argent résonnèrent dans les oreilles du monarque : « Il n’y a pas de problèmes : il n’y a que des solutions. »
— J’ai soif, grommela Onyx en pivotant sur ses talons.
Kira le suivit dans la grande cour, où il ordonna aux sentinelles de surveiller le ciel aussi bien que la campagne environnante. En franchissant les portes de son hall, le souverain demanda qu’on lui apporte du vin en grande quantité.
— Ce n’est guère le moment de t’enivrer, lui reprocha la Sholienne.
— J’ai les idées plus claires après plusieurs coupes.
Onyx se laissa tomber sur son trône, ce que Kira ne l’avait pas vu faire depuis bien longtemps. Elle prit place sur un banc habituellement réservé aux enfants du couple royal et attendit qu’Onyx lui livre sa pensée. Avant de régner sur Émeraude, il avait été un redoutable guerrier. Sans doute saurait-il organiser la défense de son royaume.
— Il nous faut un sortilège suffisamment puissant pour empêcher les dieux de débarquer à Enkidiev quand bon leur semble, lâcha Onyx après avoir avalé tout le contenu d’une amphore.
— S’il y en avait un, nous l’aurions utilisé il y a fort longtemps, répliqua Kira.
— Ce n’est pas parce que nous ne l’avons pas encore découvert qu’il n’existe pas. On nous a habitués à penser que nous sommes de pauvres créatures sans défense, mais rien n’est plus faux.
— Qui nous aurait dit une chose pareille ? s’étonna la Sholienne en se versant du vin.
— Nos parents, nos précepteurs, nos rois et même nos ancêtres dans leurs écrits.
— Ce n’est pas ce qu’on m’a enseigné et ce n’est certainement pas ce que je répète à mes enfants.
Dès que Kira eut bu le contenu de sa coupe, Onyx la lui remplit.
— Tant mieux si on t’a éduquée autrement, mais la plupart des gens ont été façonnés dans un seul et même moule, celui de l’ignorance et de l’obéissance.
— Ça n’a sûrement pas été ton cas.
— Je me suis rebellé assez rapidement contre ce qui me semblait avilissant, et mon père m’a chassé de sa maison. Malgré mon désir de devenir soldat, il m’a obligé à étudier dans ce château sous la tutelle de Nomar.
— Encore une fois, tu as résisté aux enseignements d’un aîné.
— Pas au début, mais j’ai vite compris qu’il n’avait rien à m’apprendre que je ne savais déjà.
— Et dans l’armée ?
Onyx continua d’offrir du vin à la Sholienne, tandis qu’ils bavardaient seuls dans le grand hall.
— Je n’obéissais qu’aux ordres qui me paraissaient raisonnables.
— Dans l’Ordre, on exige que tous les Chevaliers fassent confiance à leur chef.
— Une autre brillante idée des Immortels, grommela Onyx. À la demande de leurs maîtres insensibles, ils s’assurent que nous nous comportons comme un troupeau de moutons dociles.
— Tu oublies que je suis Immortelle, moi aussi.
— Tu l’as déjà été, mais le seul fait que tu vives maintenant parmi nous sans devoir retourner là-haut à tout instant pour reprendre des forces prouve que tu es redevenue mortelle. Tu as sans doute conservé tes pouvoirs de maître magicien, mais tu n’es plus immortelle.
— Et toi ? Qui es-tu, en réalité ?
— Je l’ignore, mais je commence à croire que ma puissance ne me vient pas des Enkievs. Corindon, un descendant du dieu Solis, m’a avoué qu’il était l’un de mes ancêtres.
Grisée par l’alcool, Kira éclata de rire.
— Pourquoi cela t’amuse-t-il ?
— Si c’était vrai, répondit la femme Chevalier, une fois calmée, la guerre n’aurait pas duré aussi longtemps.
— Alors, comment expliques-tu ce dont je suis capable ?
— Tu es tout simplement doué pour la magie.
— Il est vrai que j’apprends n’importe quoi avec facilité. Quelques mois après mon arrivée au château, je parlais, je lisais et j’écrivais l’Enkiev, J’ai également appris plusieurs autres langues que plus personne ne connaît, comme le Sholien. Je peux aussi réussir n’importe quel sortilège sans le moindre effort.
— Ça commence à frôler la vantardise.
— Je ne mens jamais.
Kira déposa sa coupe vide et s’empara d’une urne pleine. Au grand étonnement d’Onyx, elle porta le goulot à ses lèvres.
— J’ignorais que tu aimais le vin, toi aussi.
— Le tien est particulièrement bon.
— Je l’ai trouvé à Fal.
Elle but la moitié de la bouteille et la déposa brutalement devant elle.
— Pourquoi les volcans nous empêchent-ils de communiquer avec nos amis d’Enlilkisar ? voulut-elle savoir.
— Nos amis ?
— Les Itzamans sont des gens fascinants qui t’ont permis de guérir de tes blessures ensorcelées grâce à leurs fleurs bleues.
Onyx l’écouta parler de cette nouvelle civilisation jusqu’à ce qu’elle commence à s’emmêler dans ses propos.
— Je pense que je vais aller me reposer un peu, annonça Kira en se levant.
Elle fit quelques pas incertains en direction de la porte.
— As-tu besoin d’aide ?
— Non, ça ira.
Elle tituba jusqu’au grand escalier et réussit à atteindre l’étage des chambres. Elle voulut abaisser la clenche, mais celle-ci refusa de bouger.
— Marek, ouvre la porte ! ordonna-t-elle.
Puisqu’il ne se passait rien, Kira frappa sur la porte avec ses poings.
— Lassa ! Il l’a encore verrouillée !
— Verrouillé quoi ? demanda une voix d’homme, derrière elle.
Kira fit volte-face et perdit l’équilibre. Lassa l’attrapa par la taille juste avant qu’elle s’effondre sur le plancher.
— Est-ce que tu as bu ? s’étonna son mari.
— Juste un peu…
— Alors pourquoi essaies-tu d’entrer chez le roi ?
— Le roi ?
— Nous habitons de l’autre côté du couloir et la porte de nos appartements se situe un peu plus loin.
— En es-tu certain ?
— Viens. Ce ne serait pas une mauvaise idée que tu dormes un peu avant le repas du soir.
Normalement, Lassa aurait trouvé amusant de voir sa femme dans cet état pour la première fois depuis qu’ils vivaient ensemble, mais avec la menace d’un dieu vengeur qui planait dans le ciel d’Enkidiev, il était plutôt inquiet. Il souleva Kira dans ses bras et la ramena chez eux.